J'aurais plutôt tendance à le décrire comme une sorte de « docu-polar ». Ce qui m'intéressait, c'était de sortir du pur divertissement, de reprendre les ingrédients du genre en y ajoutant une touche de réalité, forcément sombre — « noire », pourrait-on dire — comme l'exige le polar, mais tout autant la brutalité courante, socio-économique, du quotidien. Chaque enquête du commissaire Delajoie aborde ainsi une problématique de l'ordinaire. Dans L’Éclat du diamant, en l'occurrence, il s’agit de notre rapport à l'image et de ces relations troubles qu’entretiennent la publicité et le marketing avec nos modes de consommation.
Qui en douterait ? Prenez Vargas, par exemple, et son commissaire Adamsberg ! C’est vrai que je voulais renouer avec la tradition du « polar à la française », tombée un peu en désuétude ces dernières années. Le monde de l’édition traditionnelle a sa part de responsabilité dans cet abandon. Les grands éditeurs ne prennent plus de risques et se contentent de proposer des traductions, de gérer « les droits étrangers », comme on dit techniquement.
Je souhaitais plonger le lecteur dans le quotidien d’une équipe, celle du mythique « 36, quai des Orfèvres ». Le « patron », le commissaire Delajoie, n'est effectivement pas un enquêteur solitaire, doté d’une intuition ou d'un flair hors normes. Il réussit toujours grâce à son équipe qui n’est donc pas un simple faire-valoir. J’aime bien cette idée du « collectif », dans la fiction comme dans la vie, la seule possibilité justement de nous aider à lever la tête…