L'Équipe
du «36»


« La progression semblait d’ailleurs étudiée, ascendante, de la terre au ciel, comme pour retracer ce trajet inévitable qu’avaient emprunté les nombreuses victimes auxquelles on tentait de restituer la dignité du dernier souffle. »

Jean Delajoie, « le Patron », chef de la Crim’, bureau 315

Delajoie n’avait certes plus l’enthousiasme d’un chasseur de vingt ans. C’est sa tête surtout qui était fatiguée, non pas par le nombre et la diversité de tant d’affaires résolues ou définitivement perdues, mais plutôt par l’exploration poussée des gouffres sombres de l’âme humaine. Vingt années pendant lesquelles, au fil des meurtres et des crimes les plus odieux, s’était déroulée la fresque de la tragédie humaine, le spectacle de ce qu’il appelait maintenant « l’âme noire ».

Amanda Coron, « Ze Queen », la reine de la brigade

Amanda n’était pas condamnée, par un odieux sexisme, aux tâches bureaucratiques les plus désagréables, mais il se trouvait qu’elle possédait un don rare et précieux, particulièrement adapté aux recherches documentaires. Amanda fonctionnait comme une sorte d’instrument hybride qui aurait été issu d’un scanner et d’un logiciel de reconnaissance des caractères. Elle ne lisait pas en fait, elle enregistrait littéralement les pages qu’elle consultait, et dans le même temps, mettait en action un processus intégré à sa mémoire, un flashage automatique, destiné à mettre en surbrillance les mots clés, occurrences ou items recherchés.

Franck Meunier, « le Che », chef de groupe, bureau 408

Avant de rejoindre le droit commun, le « droit chemin », précisait non sans malice Delajoie, Franck avait en effet navigué dans l’aquarium plusieurs années, à la SAT, la section antiterroriste. C’était généralement l’inverse dans la maison, mais Franck, c’est vrai, ne faisait pas grand-chose comme tout le monde.

Kowiak, « L'ours des Balkans »

Kowiak, plus frère des ours qu’ami des hommes, était un vétéran. Un vrai. Un survivant de l’enfer, de la douleur et de la haine. Une nuit de guerre presque ordinaire, dans Sarajevo assiégée, avait scellé définitivement son destin, lorsqu’une balle de 7.62 mm, provenant d’un fusil Zastava modèle M76, équipé d’une lunette de précision à vision nocturne, avait rompu brutalement les liens sacrés de son mariage.

Jérôme Bouchon, « La Boule »

L’homme qui venait de réagir affichait une bouille bien sympathique qui s’harmonisait à la perfection à son très bel embonpoint. C’était un être de chair affecté logiquement à la bonne chère et affublé d’un surnom des plus ronds : « La Boule ». Il n’avait pas reçu ce nouveau nom de baptême avec joie, mais « La Boule » avait parfaitement rebondi par la suite. Car l’excès enrobant de matière ne l’empêchait nullement de se mouvoir avec agilité et de distribuer, le cas échéant et avec une expertise reconnue, de sérieux coups de boule à certains hostiles méritants.

Bastien Marchand, « Columbo »

Bastien était un amoureux des livres, passion qui contrastait étonnamment avec la première impression qui se dégageait de son enveloppe terrestre. Au sein de la brigade, on ne se méprenait plus depuis longtemps sur la nonchalance affichée par Bastien. Tous savaient que derrière cet « air con », parfois très appuyé, se cachait une perspicacité remarquable. À croire même, pensait Delajoie, que le lieutenant avait sciemment emprunté l’« effet Columbo » à cet antiflic en personne. Les comparaisons étaient en effet troublantes même si le basset version Hound et le cabriolet Peugeot 403 modèle 1959 manquaient à sa panoplie.

Direction artistique de la série conçue par Didier Pavois